Trouble de la personnalité narcissique
Le trouble de la personnalité narcissique est une pathologie du narcissisme classée dans les « Troubles de la Personnalité » dans le DSM-5. . La « perversion narcissique », elle, a été conceptualisé en 1986 par Paul-Claude Racamier, psychanalyste.
La personne souffrant d'un trouble de la personnalité narcissique substitue le besoin de dominer et soumettre au désir d’être aimé. Pour ce faire, elle pourrait aller jusqu’à détruire l’identité de "sa proie" par la manipulation mentale, le harcèlement moral. Le dénigrement de l’autre lui permet de se valoriser. Elle cherche à s'aimer elle-même au travers de l'amour de l’autre, par effet miroir. La personne atteinte d'un trouble de personnalité narcissique fusionne avec l'autre, en fait sa poubelle psychique en projetant en lui tout ce qu'elle rejette, ne veut pas avoir en elle.
Cette personnalité se nourrit de l'admiration, de la vénération par l'autre. Elle manque d’empathie affective mais fait preuve d'empathie cognitive, c'est à dire qu'elle les perçoit les émotions de l'autre, les comprend mais n'en fait pas cas, ne compatis pas... Ses besoins priment sur ceux de l'autre.
La personne atteinte d'un trouble de la personnalité narcissique exagère ses capacités et qualités et déprécie celles des autres. Mais, il s'agit d'un masque qui cache une mésestime profonde. Elle est souvent avide de réussite, de puissance, d’éclat, de beauté ou d’amour idéal. Elle fantasme que certains la jalouse. En réalité, elle est envieuse et critique des succès des autres. Elle estiment souvent être déçue pas son entourage qui, selon elle, ne se montre pas à la hauteur. Pensant que les choses lui sont dues et manquant d'empathie, elle peut aboutir à l’exploitation d'autrui.
Les individus atteints d'un trouble de la personnalité narcissique ont souvent grandi dans un contexte où les valeurs de suprématie, de pouvoir, de prestige social sont très importantes. Ils ont souvent manqué de tendresse maternelle. La mère attendait plus de choses qu’elle ne donnait à son enfant. Elle peut l'avoir sur-valoriser, lui faisant penser « qu’il est le meilleur ». L'enfant grandira avec la croyance profonde qu’il faut écraser les autres pour survivre et être aimé. Ainsi, les autres sont un danger potentiel à sa toute puissance. Afin de ne pas en être victime, sa stratégie est l'attaque.
Les individus ayant un trouble de la Personnalité narcissique peuvent avoir eu aussi un père absent, physiquement, émotionnellement, voire violent et une mère fusionnelle avec son enfant. Ils ont pu subir des violences, une effraction physique et psychique. Ils deviennent l’enfant-roi de la mère et viennent prendre « la place » du père, dans un contexte incestuel, voire parfois incestueux (avec passage à l'acte). Sans limites, ils deviennent tout puissant, pensant avoir castré le père (complexe d’œdipe) et pris sa place. Dans cette configuration identitaire, il n'y a pas de place pour un Autre en tant que sujet mais uniquement comme objet. Leur mode de relation à autrui est dichotomique, binaire : noir/blanc, gentil/méchant, eux/Moi... Ne pouvant parvenir à séduire et combler sa mère, ils expérimentent le sentiment de ne pas être suffisant. Par la suite, ils feront un transfert sur leurs partenaires amoureux qu'ils idéaliseront puis accuseront de les décevoir, de ne pas être assez (dualité amour/haine). Ils n'ont pas été aimés eux-mêmes comme sujet. Dans leur monde binaire, ils ont besoin de fusionner (comme avec la mère) ou de mettre l’autre à distance (comme avec le père).
Ils se présentent à l'entourage comme des victimes : tout le monde veut leur peau ou cherche à le détrôner. Dans leur mode de relationnel, il n'y a pas de place pour la confiance, l'attachement, une relation de sujet à sujet. Ils ne peuvent fonctionner que dans un mode de manipulation, d’évitement, de conflit, dans un rapport perpétuel de domination sur l'autre. Ce sont des mécanismes de défense pour la résolution de conflits internes leur évitant de décompenser sur un mode psychotique. On parle d'ailleurs de psychose blanche. Seule une décompensation dépressive pourrait amorcer une prise de conscience et un éventuel changement de dynamique psychique.
N'ayant pas été reconnu comme sujet dans leur enfance, ils ne peuvent donc pas traiter l'autre autrement que comme un objet. Ils ont été obligés, pour survivre, de se constituer des masques (des faux self - Winnicott).
En dépossédant et en introjectant les qualités de leurs proies, ils cherchent à se reconstituer un Soi au travers des autres. En projetant sur eux, ils tentent de se débarrasser de ce qu'ils ne veulent pas reconnaitre en eux, faisant de l'autre leur poubelle psychique. Il tentent d’abolir toute limite entre les proies et eux afin d’envahir leur espace psychique, les chosifiant.
L'amour que croit éprouvée la proie n'est en fait qu'une addiction ou un attachement à l'enfant blessé qu'elle a su voir derrière les agissements violents de son partenaire. C'est souvent le plus difficile à dépasser : accepter que ce n'est pas à elle de guérir et sauver.
Le style d’attachement des personnes atteintes de trouble de personnalité narcissique est insécure de type évitant-distant. C’est un style d’attachement où l'autre doit être tenu à distance car indigne de confiance, voire menaçant. Ainsi, les adultes qui ont un style d’attachement insécure évitant restent la plupart du temps en surface dans l’engagement de leurs relations. Ils revendiquent en effet leur indépendance, leur liberté ou leur autonomie. L'engagement les fait fuir et les fait réagir de manière inappropriée (rupture soudaine, trahison, infidélité…). Le détachement émotionnel leur permet de se préserver a minima de la douleur de la rupture. Leur manque d’empathie fait de l’autre un objet, utilisé, puis jeté quand il ne distrait plus. L’accent de ce style d’attachement est placé sur le raisonnement au détriment des affects.
Peur d’être rejeté, méprisé, abandonné, trahi
Mise à distance d'autrui lorsque la proximité est trop importante (infidélité, distance, manigances, chaud/froid, évitements, silences, ruptures soudaines…)
Exprime qu’il n’a pas besoin des autres, qu’il se suffit à lui-même, fait sentir qu'il n'est pas prêt à s'engager mais peut rester longtemps dans la relation (sème le paradoxe)
S’attarde sur les petites imperfections de son partenaire (habillement, façon de parler, façon de se tenir, de manger…)
Attend de rencontrer « LA bonne personne » idéalisée
Fait mine d'être préoccupé par autre chose lorsqu’il est avec le partenaire
Garde des secrets et maintient le flou à son sujet...
Il s'agit de stratégies consistant à se protéger : aliéner pour ne pas être aliéné, avoir un coup d'avance, trahir avant d'être trahi...
Les personnes au style d'attachement insécure évitant et celles au style d'attachement insécure anxieux s'attirent mutuellement. Quand l'évitant prend ses distances, l'anxieux suractive son système d’attachement et devient envahissant.
Les besoins relationnels et émotionnels n’ayant pas été satisfaits de façon constante et prévisible au début de leurs vies, les personnes portant ces deux types relationnels associent l’attachement à un sentiment de menace. Ces deux styles d’attachement se caractérisent par des besoins et des peurs diamétralement opposés et c’est ce qui va poser de nombreux problèmes lorsqu’ils vont se trouver combinés dans un couple. L'anxieux a lui aussi peur d’être abandonné, il cherche à attirer l’attention de manière positive, donne "trop", oublie ses propres besoins au profit de l'autre, est aux petits soins pour l'autre, a besoin de contacts affectifs, est excessivement tourné et préoccupé par les autres. Particulièrement réceptif au risque de désengagement relationnel, il scanne en permanence l’humeur de son entourage. Il met l’autre sur un piédestal. Il idéalise la capacité du conjoint évitant à être indépendant, car c’est une attitude qui lui fait défaut mais qu’elle envie. Ces deux styles relationnels renforcent mutuellement leur insécurité.